NATHALIE BUMBA: J’AI PRÉFÉRÉ L’APPELLATION LA MAISON DES FILLES AU LIEU D’ORPHELINAT, POUR QUE LES ENFANTS SE SENTENT COMME À LA MAISON »

La fondatrice de l’association Regard d’Afrique, Nathalie Bumba, a inauguré le samedi 13 mai 2023, la maison des filles, une institution créée pour accueillir, encadrer et accompagner 12 petites filles orphelines à Brazzaville.

Nathalie Bumba avec quelques participants.

L’association et l’école Regard d’Afrique œuvrent depuis près de 10 ans pour l’éducation et la protection de l’enfant, pour sa fondatrice, encadrer les enfants quand ils sont jeunes est capital pour leur inculquer certaines valeurs « les enfants sont une base vierge que nous pouvons influencer positivement et en faire des leaders de demain », précise Nathalie Bumba.

En partenariat avec le ministère des affaires sociales, principal organe habileté à identifier et à proposer les orphelines à l’association, la maison des filles se réjouit d’avoir rempli toutes les conditions sine qua non pour accueillir les orphelines en toute légalité, comme cela se passe dans les orphelinats en général.

Située à Bacongo, dans le deuxième arrondissement à Brazzaville, la maison des filles est un espace calme et paisible, avec une ambiance puérile, au symbole fort de l’éducation, du vivre-ensemble et de l’excellence. Tout est fait et établi de manière à ce que les orphelines se sentent chez elles, comme à la maison. Elles ont comme tutrices des éducatrices, des femmes sélectionnées notamment pour leurs expériences dans le suivi et l’éducation des enfants marginalisés ou victimes de guerre.

Crée un espace pour accueillir les orphelines peut paraître discriminatoire contre les garçons, lorsqu’on est au fait de la prolifération du phénomène « bébé noir » à Brazzaville. En effet, c’est un fléau qui touche les jeunes garçons issus des milieux défavorisés, et qui se caractérise par des attaques et des braquages à coups de machettes, semant ainsi la terreur dans les quartiers. À cette remarque, la fondatrice de la Maison des filles a expliqué que la condition de la jeune fille orpheline ou abandonnée est encore plus difficile que celle du garçon. Car, à part l’instabilité et la précarité, les jeunes filles orphelines sont les proies des pervers sexuels qui ne se gênent pas d’abuser d’elles quels que soient leurs âges. Ce qui occasionne des grossesses non désirées et in fine la prolifération de la population de jeunes filles mères, incapables de prendre soin de leurs enfants.

« Il suffit de faire une prospection la nuit, dans certaines zones pour voir la réalité. Les petites filles orphelines ou abandonnées sont exposées et vulnérables. En plus de braver la précarité, elles doivent affronter l’insécurité et très vite elles s’habituent aux mœurs légères et se laissent aller. C’est donc la raison pour laquelle, leur cause nous préoccupe particulièrement » a déclaré la fondatrice.

Tous les enfants abandonnés ne sont pas des orphelins…

Il est très important de signaler que tous les enfants qui errent dans les rues sans domicile, ne sont pas des orphelins. En effet, plusieurs raisons font que certains enfants se retrouvent seuls, ou encore finissent par intégrer l’orphelinat sans être orphelin. On peut citer par exemple la dissolution accélérée des couples souvent incapables d’assumer les charges des enfants, le refus de paternité associé à l’extrême précarité de la mère, le refus d’assumer un enfant à cause de l’origine de l’un des parents, ou encore les croyances discriminatoires avec des théories figés sur l’apparence, etc.

La maison des filles accompagnera les orphelines jusqu’à leur majorité, et leur préparera à prendre leur indépendance. Leurs études primaires et secondaires se feront à l’école Regard d’Afrique, et l’institution s’engage à représenter pour les orphelines une base solide afin de perpétuer les liens de fraternité créés entre elles.

Mildred Moukenga