« L’industrie de la mode ne peut pas se développer au Congo, tant qu’elle ne repose que sur quelques acteurs ». Sakia Lek, designer

Qu’est-ce que la mode représente pour vous ?

La mode en générale est une vitrine des émotions et de l’évolution d’une société. Elle contribue à immortaliser les moments forts d’une culture. Elle est une plate-forme créative avec plusieurs facettes et peut intervenir sur les plans diplomatiques, politiques et aussi économiques.

Quel est votre regard sur la mode au Congo ?

Pour moi, la mode au Congo a subi beaucoup de préjudices, tellement qu’elle n’est plus la représentation de notre réalité culturelle, de notre force ou plutôt de notre soft power.
L’industrie de la mode ne peut pas se développer au Congo, tant qu’elle ne se repose que sur quelques personnes. Une véritable industrie du vêtement doit être mise en place.
Les quelques créateurs qui évoluent dans la mode au Congo sont obligés de faire des mains et des pieds pour survivre. Toutes les matières premières viennent d’ailleurs.
Sur toute la chaîne des accessoires que l’on utilise pour la création, le Congo n’en produit aucun. La diversification des métiers dans le secteur de la mode n’a pas encore connu l’essor requis comme on peut le voir au Nigeria, au Ghana, en Afrique du Sud, etc.
En effet, il est difficile par exemple de produire un travail de qualité avec du raphia, pourtant nous en produisons. Ce pendant les artisans ne savent pas travailler cette matière et ne sont pas prêts à faire un tissage de masse. Je suis confronté à ce problème étant donné que la plupart de mes créations sont faites avec du raphia.
Voilà pourquoi je félicite les quelques designers congolais qui ont réussi à se démarquer et de faire parler du Congo, malgré les conditions de travail difficile. Il s’agit notamment de :

Motse AKANATI, dont le succès a servi à aider quelques jeunes designers du pays. Elle continue d’aider encore aujourd’hui.

Hippolyte DIAYOKA, qui ne ménage aucun effort pour veiller au respect des normes de la création.

Adriana TALANSI, qui accumule trophées et récompenses pour le compte du Congo.
Sans oublier celle que j’appelle affectueusement « Mapapou » ou encore:

Queen Tawa (Liputa swagga), parce qu’elle donne un envol à la mode congolaise. Un genre très original qui a fini par séduire au-delà de nos frontières.

Il y a aussi les nouveaux comme NDAGAYE, Mr JOHNE qui a lancé le concept de l’événement mode BLACKON, côté création de chaussures il y a GLADIS koumou, qui fait une production merveilleuse de chaussures en crocodile de qualités il y a Pacifique, très grand maquilleur qui devrait faire le concours glow et nous décrocher une médaille pour que nous ayons aussi une étoile locale accrochée sur le palmarès des maquilleurs internationaux.

Ils sont nombreux à fournir des efforts pour établir un dialogue entre les décideurs, le public et les acteurs de la mode.

Quels sont vos vœux pour 2023 ?

Pour l’année 2023, je voudrais voir plus d’acteurs dans les différents métiers de l’industrie de la mode.
Les sapeurs ne doivent pas être les seuls au front et les leaders doivent comprendre que l’industrie de la mode est très utile pour un pays notamment pour son développement économique et culturel. Je souhaite qu’il y ait plus d’échanges à ce niveau afin que l’on puisse réellement se mettre au travail et briller.