LES OUBLIÉS DE L’HISTOIRE DU CONGO: PLUS DE 20 000 OUVRIERS MORTS PENDANT LA CONSTRUCTION DU CFCO

Plus d’un siècle plus tard, plusieurs familles au Congo ont toujours du mal à oublier cette partie sombre de leur histoire, où du jour au lendemain on leur enlevait un proche, pour un voyage inconnu. Une partie de leur histoire qui, malheureusement n’a pas bénéficié d’un grand intérêt de la part des institutions de la République, malgré les dégâts causés, notamment entre 1000 et 3000 ouvriers morts chaque année sur les chantiers pendant 13 ans, des hommes pris de force pour un voyage sans retour.

Bondo, une sexagénaire congolaise nous raconte le témoignage de sa mère sur l’enrolement de son grand père Mokoto, un matin, sans son consentement ni celle de sa famille :

«Toute la contrée était déjà terrorisée par les hommes de l’AEF, on ne pouvait pas s’opposer à eux, on obéissait tout simplement. Mon grand-père avait déjà 3 enfants quand ils l’ont enrôlé et ils formaient une famille heureuse avec ma grand-mère », raconte Bôndô, descendante de Mokoto, l’un des ouvriers pris de force pour les travaux du chemin de fer Congo Océan.

De la fin du 19ème siècle au début du 20 -ème siècle, de nombreuses voies ferrées ont été construites dans les colonies, afin d’exporter les ressources naturelles de l’Afrique vers l’Europe. C’est dans ce contexte que Le 6 février 1921 a été lancé le premier coup de pioche du chantier d’un train qui partira de Brazzaville à Pointe Noire. Huit mois après le début des travaux, dans les camps où les ouvriers s’entassaient sans encadrement sanitaire, d’innombrables travailleurs mourirent d’épuisement et de neurasthénie, etc.

« Après le départ de grand-père, ma mère nous disait que leur vie n’a plus jamais été la même. Ils ont nourri, pendant longtemps, l’espoir de le revoir un jour mais sans succès. Quelques années plus tard, les nouvelles ont commencé à nous parvenir, ces travaux étaient un véritable mouroir. Grand-père, comme beaucoup d’autres ouvriers avaient péri sur les chantiers comme des mouches …» nous explique Bôndô.

En 2013, des associations comme le conseil représentatif des associations noires de France (Cran) ont porté plainte contre l’Etat français et Spie- Batignolles (société héritière de la SBC) pour « crime contre l’humanité ». Les procédures sont toujours en cours, François Hollande, à l’époque président de la République Française, exclut toutes possibilités de réparation matérielles. Le Cran réclamait 10 millions d’Euros, ainsi que la construction d’un musée, d’écoles et d’hôpitaux dans les villages concernés.