INONDATIONS AU CONGO BRAZZAVILLE : LES CRUES CONTINUENT DE S’AGGRAVER, DES MILLIERS DE PERSONNES TOUCHÉES.

Les récentes inondations au Congo Brazzaville ont déclenché une crise humanitaire majeure, touchant plus 61 villages et 36 quartiers dans 7 départements de la République du Congo. Ses crues exceptionnelles continuent de s’intensifier, mettant en péril la vie quotidienne de milliers de résidents, soit plus de 320 891 personnes.

Des habitations au quartier Jardin à Talangai, Brazzaville
Une pirogue traversant une ruelle, dans le quartier Jardin à Talangai

Depuis quelques années, le pays connaît une pluviométrie exceptionnelle, les pluies diluviennes sont deux fois plus importantes que d’habitude selon les experts. D’autre part, il est relevé que le niveau des eaux de la rivière Oubangui, affluent majeur du fleuve Congo a atteint un record de hauteur sur la période 2022 – 2023.

Selon Monsieur Dinga Jean – Emmanuel, Enseignant – Chercheur et Chef de service de l’Hydrologie Nationale au Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Technologique, le pays vit une situation exceptionnelle qui peut être maîtrisée avec les moyens :

« Nous avons un outil qui a été élaboré par les experts, et qui s’appelle le plan de contingence d’inondation. Il se trouve actuellement entre les mains du ministère de l’Action Humanitaire, et dans ce plan un mécanisme a été mis en place pour contrôler et produire les informations d’alerte afin d’éviter ce genre de catastrophe, mais il nous manque les fonds pour acquérir les équipements », souligne-t-il.

S’il est vrai que ces conditions météorologiques extrêmes font des dégâts dans le monde entier à cause du dérèglement climatique, il n’en demeure pas moins qu’au Congo, cela soit aggravé par certains problèmes liés à l’urbanisation et notamment les voiries urbaines. En effet, dans certaines zones touchées, les infrastructures de drainage sont insuffisantes, les constructions ne sont pas conformes aux normes et à l’urbanisation rapide sans planification adéquate.

Un sisnistré du quartier Madibou, à Brazzaville

Les départements de la Likouala, de la Sangha, de la cuvette, des plateaux, du Niari, Brazzaville et Pointe-Noire sont frappés de plein pied. Les populations incapables de trouver des lieux de refuge, sont contraintes de vivre les pieds dans l’eau, s’exposant ainsi aux maladies et d’autres incidents comme les incendies et l’électrocution.
« Ce qui nous inquiète le plus c’est le fait que nous ne maîtrisons pas la situation de l’électricité, si tout le monde ne prend pas la précaution de disjoncter chez lui, nous courant le risque de nous faire électrocuter », déplore un habitant de Madibou, très accablé par la situation.

D’autres ont relevé le fait que l’eau continuait de monter, et qu’à cette allure les dégâts seront encore plus graves.
Il faut signifier que la dernière fois que la République du Congo avait connu des crues aussi exceptionnelles, ce fut en décembre 1961, et que ce niveau record risque d’être dépassé cette année au vu de l’évolution de la situation.
Plusieurs activités ont été impactées par ses inondations, comme par exemple la pêche, et aussi le transport ce qui crée une rareté des denrées alimentaires sur le marché. Les fruits saisonniers comme les mangues, sont toujours rares puisque les arbres sont inondés, les fruits tombent avant la maturité.

Lors du conseil des Ministres qui a eu lieu le 27 décembre 2023, le gouvernement à ordonner le déblocage immédiat de 2 milliards 419 millions de Frs CFA, ainsi que le déploiement rapide d’une équipe humanitaire pour assister les sinistrés. Une mission à laquelle les représentants du système des Nations Unies au Congo se sont engagés à prendre part.

Iris TALA