FREDDY MAYALA, DE L’ALIMA AUX JEUX OLYMPIQUES

C’est l’histoire d’un nageur congolais qui a réussi à suivre le chemin de ses rêves contre vents et marées. En effet, Freddy Mayala, le chef de file de la natation congolaise a réalisé très vite que pour se faire une place de choix dans un environnement où les modèles dans certains domaines sont rares, il faut être prêt à avancer sans attendre le soutien de ses proches.

Freddy Mayala

Grâce à ce mental d’acier, celui qui a représenté le Congo à Fukuoka, participera aux Jeux Olympiques de Paris 2024, au 50 m nage libre et 100 m brasse. Un ticket décroché grâce au principe d’universalité, qui permet aux athlètes n’ayant pas obtenu les minima d’avoir la possibilité de participer, si leurs fédérations en formulent la demande. C’est un mécanisme qui concerne les disciplines mères des Jeux olympiques, comme la nation, l’athlétisme, le cyclisme ou l’aviron, etc. Pour la carrière de Freddy, c’est une étape significative. 

En effet, c’est dans le village Moundongo, situé dans le département des plateaux en République du Congo, qu’est né Freddy. Là-bas, pratiquer la natation est une évidence pour tous les habitants. C’est d’ailleurs dès la naissance que l’on initie les enfants à l’eau et ce fut le cas de Freddy. Né un 18 juin 2000, c’est sur les rives paisibles de la rivière de l’Alima, qu’il fait ses premiers pas à la natation à l’âge de 4 ans. Autour de lui, c’est un non-événement, car tout le monde sait se mouvoir dans l’eau.

Ce petit village de 150 habitants, dépourvu d’infrastructures minimum pour les études, deviendra très vite un obstacle pour l’avenir de Freddy. En effet, pour ses études primaires, il devait se déplacer en pirogue pour aller à l’école, dans le village Mbonga situé à quelques kilomètres de Mondongo. C’est pour cette raison que son père, technicien à la radio Congo, le ramène à Brazzaville en 2008, afin qu’il bénéficie d’une meilleure scolarité.

Loin de la forêt tropicale dense et des savanes de son enfance, Freddy explore la diversité de Brazzaville. L’eau tumultueuse et profonde de l’Alima sera remplacée par les eaux bleutées et chlorées des piscines de Brazzaville. C’est à la télévision que l’actuel champion du Congo découvre que la natation est un sport pratiqué à Brazzaville. Cela vient nourrir ses ambitions déjà bien mûres. Malheureusement, il est confronté à la réticence de son père.

« Freddy a toujours été timide, il ne se livrait pas facilement sur ce qui se passait dans sa famille. J’ai pu constater à quel point il s’est battu pour réaliser son rêve sans les encouragements de ses parents. Quand son père montrait clairement qu’il était contre cette carrière, sa mère quant à elle n’y accordait aucun intérêt, elle était indifférente »,

confie Fiacre, l’un des amis d’enfance de Freddy, devenu également nageur grâce à ce dernier.

Pour le père de Freddy, le sport ne paye pas au Congo, c’est donc inutile de se lancer dans une telle carrière. Fort heureusement, ces convictions n’arrêtent pas Freddy. La découverte du club Avenir natation va poser les prémices de sa carrière en 2012. Ambitieux et déterminé, 2015 est l’année qui marque ses débuts en tant que nageur phare du pays. Sept ans plus tard, il arrive à se démarquer au niveau national et participe pour la première fois à une compétition internationale, notamment à Dakar à l’occasion du championnat d’Afrique de Natation zone II, ensuite s’en suivra un second voyage au Cameroun où il sera médaillé d’or et d’argent, puis un troisième voyage au Japon pour le championnat mondial de natation. La compétition sera rude, Freddy occupera la 113e place sur 119 candidats sur nage libre 50 m, réussissant néanmoins à améliorer son propre record.

Déterminé et ambitieux, Freddy poursuit ses études. Il parvient tout de même à obtenir son baccalauréat et à passer en deuxième année à l’université. Cependant, après le championnat mondial de natation, plusieurs mois passeront sans que Freddy ne se remette réellement au travail, à cause du manque de piscines réglementaires. C’est grâce au championnat national, organisé en 2024, notamment 10 ans après la dernière édition, que le natif de Moungondo va reprendre les entraînements. Il est sacré champion du Congo lors de cette compétition, avec 6 médailles d’Or. Cette victoire ne satisfait pas le jeune athlète qui n’a pas pu atteindre l’objectif de 26 secondes comme il le souhaitait. Il espère désormais y arriver pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024.

« Aux Jeux Olympiques de Paris, Freddy va pour la première fois pratiquer la brasse sur 100 m, en plus des 50 m de nage libre. C’est un nouveau défi qu’il se lance, nous le soutenons dans cette perspective »

annonce Alain Kounoumono, qui en plus d’être le troisième vice-président de la FECONAT est également l’entraîneur de Freddy.

Pour ce dernier, cette participation aux Jeux Olympique de Paris est très bénéfique pour le Congo car étant signataire de la charte olympique, il y a l’obligation de participer à tous les événements qu’organise le Comité International Olympique (CIO), au risque de s’exposer aux sanctions et aux amandes.

Si pour l’athlète de 24 ans, battre son propre record est la priorité pendant ces Jeux olympiques, désormais, il se pose la question de la suite de sa carrière vu l’absence d’infrastructures de base.

Iris Tala