Née à Pointe-Noire, en République du Congo, Andy Bongo était une enfant très brillante. Son enfance a été marquée par de nombreux exploits sur le plan scolaire, notamment en occupant la première place de son établissement à plusieurs reprises, lauréate du prix du concours de dictée organisé par RFI (pour les élèves du collège alors qu’elle n’était qu’au primaire), et aussi prix de l’olympiade des mathématiques, etc. Malheureusement, alors qu’elle n’a que 11 ans, elle perd successivement ses deux parents et c’est là que sa vie bascule. Spoliée par sa famille paternelle, Andy se retrouve sans héritage ni couverture sociale. Elle ira donc habiter chez sa grand-mère maternelle. Touchée par sa situation, son école va la scolariser gratuitement, jusqu’ à ce qu’elle soit inscrite dans un lycée d’excellence après l’obtention d’un concours.

En 2013, elle décroche son baccalauréat avec mention, alors qu’elle n’a que 16 ans. Mais sans soutien, elle sera obligée de faire des petits boulots pour subvenir à ses besoins et payer ses études universitaires. Elle réussit néanmoins à obtenir une licence en génie numérique, toutefois, au vu des charges existantes et grandissantes, sa situation deviendra de plus en plus précaire.
En 2017, elle trouve une opportunité de travail à Brazzaville, quelque temps après elle aura de sérieux problèmes de santé, l’empêchant d’exercer ce travail qui pourtant s’avérait être une bouée de sauvetage. Andy va donc arrêter de travailler. Cela fragilise une fois de plus sa situation déjà précaire. Cette fois-ci, elle se retrouve sans argent et sans domicile. C’est ainsi qu’une de ses amies acceptera de l’héberger un moment. Malheureusement, au bout d’un certain temps, Andy va devoir faire face à un autre type de supplice. Elle qui croyait, pour le coup, pouvoir avancer malgré tout, subira des agressions sexuelles à plusieurs reprises. Des actes perpétrés par des proches de celle qui l’hébergeait. Ces événements lui plongeront dans une dépression sans précédent, elle essaiera d’ailleurs de se suicider, car à ce moment, la vie ne représente plus rien pour elle.
Quoi de plus revigorant que d’aiguiser sa croyance. Andy deviendra fervente croyante et décidera d’habiter dans une église, pour essayer un tant soit peu de noyer ses sempiternelles peines dans ce milieu sain. Hélas, le poids des épreuves et les traumatismes la replongent de temps à autre dans ce passé sombre. La dépression est une fois de plus au rendez-vous et Andy finira en psychiatrie.
Fort heureusement, les deux années passées à l’église apporteront une bouffée d’énergie et une lueur d’espoir à sa vie morose. En 2021, alors qu’elle reprend petit à petit ses activités, Andy va être touchée par les problèmes liés à l’environnement. Cela, après la lecture d’un document qui évoquait les conséquences de la pollution dans les pays en voie de développement, notamment. Elle découvre alors que les maladies dues à la pollution ont des répercussions sur les capacités cognitives des enfants, notamment en causant des incapacités intellectuelles, des retards sur le plan scolaire, etc. C’est comme ça qu’Andy décide de s’engager pour protéger l’environnement, car elle réalise que ne pas agir, c’est mettre en péril non seulement notre santé et l’environnement, mais également l’avenir des générations futures. Tout naturellement, elle initie le projet Edudev qui vise à enseigner le développement durable. Dans sa démarche Andy, pense que si les habitudes éco-responsables sont enseignées dans les écoles dès le bas âge, ou même dans les administrations, cela déclenche la conscience collective.
L’année 2024 a été décisive pour Andy, l’échec n’était plus permis, il fallait absolument que les choses changent. Mais comment et à quel moment ? Andy s’est donné les moyens en ayant plus d’une corde à son arc. Quand l’annonce du trophée écogarde a été publiée, elle a saisi l’opportunité malgré le fait qu’elle se trouvait à Pointe-Noire, un département qui n’était pas concerné par le concours.
Ses arguments, ses idées originales, sa force de persuasion et son enthousiasme ont convaincu le jury, présidé par le professeur Francine Ntoumi, à lui décerner le prix Écogarde 2024. Un prix qui lui a permis de bénéficier d’un financement de 1 500 000 FCFA pour débuter un business durable.
SON PROJET…
Le projet Edudev qu’a présenté Andy lors de la 7e édition du Women’s Activities Awards va intervenir sur deux volets : l’éducation sur les pratiques durables et le recyclage. Il sera question de mettre en place des programmes éducatifs afin de sensibiliser les populations sur les conséquences de la pollution en vue de leur inculquer des habitudes écoresponsables ; quant au recyclage, il sera question de fabriquer des objets décoratifs avec de la matière plastique qui seront destinés à la vente.
Iris TALA



