WAYÉ : « JE SUIS ACTUELLEMENT EN PRÉPARATION DE MON PREMIER ALBUM »

De son vrai nom Rolf Derty Nganga Ngouanou, Wayé est un artiste rappeur et chanteur, originaire du Congo Brazzaville. C’est en 2015 qu’il décide d’entamer une carrière musicale, et exerce enfin le métier de ses rêves. Après des études faites entre le Burkina Faso et l’Afrique du Sud, il rentre au pays pour travailler comme steward à la compagnie aérienne ECAir (Equatorial Congo Air Lines). Sa musique, c’est donc le résultat d’une diversité culturelle avec des sonorités enrichies par ces différents voyages.

En 2020, il remporte le Prix Découverte RFI, deux ans après, nous l’avons rencontré pour connaître l’actualité de sa carrière.

Deux ans après le Prix RFI Découverte 2020, comment vous vous sentez aujourd’hui ?

Wayé : je me sens plus mûr, je me sens à mesure de relever de nouveaux défis, mais surtout, j’ai une soif encore plus grande du succès et d’accomplissement. Remporter un prix de cette envergure est un accomplissement pour l’artiste que je suis, mais aussi pour moi en tant que personne. Rendez-vous compte qu’à ce jour, nous n’avons que 40 gagnants du prix découvertes parmi les millions d’artistes que ce continent a vu naître. C’est une distinction qui n’a pas encore fini de m’ouvrir des portes et je me sens jusqu’à aujourd’hui, plus qu’honnoré.

Qu’est-ce que cette distinction a apporté dans votre carrière ?

Wayé : le prix découvert m’a apporté énormément de choses. Premièrement, beaucoup d’expériences à travers les rencontres faites, les scènes sur lesquelles il m’a été donné de jouer, les divers plateaux télé qui m’ont vu passer, ensuite, il m’a permis de prendre connaissance de ce qu’est l’industrie musicale au-delà de nos frontières. Nous savons tous que l’industrie musicale congolaise est encore en pleine relance, les choses vont beaucoup plus vite ailleurs et quitter le Congo m’a permis de voir à quel point il nous reste encore beaucoup de choses à faire.

Comment vous vous positionnez aujourd’hui ?

Wayé :Je cherche à me positionner sur le marché africain, car je considère avoir une base assez solide dans mon pays d’origine. En effet, loin d’avoir un quelconque sentiment de prouver ma valeur à qui que ce soit, je me considère plutôt comme un véritable porte-étendard. Je considère aujourd’hui que j’ai beaucoup plus à donner au Congo et cela va demander beaucoup de travail et d’ingéniosité afin de redonner à notre culture ses lettres de noblesse.

Parlez-nous de votre tournée africaine…

Wayé : Ma tournée a été une merveilleuse expérience qui m’a emmené de la République démocratique du Congo en France en passant par le Mali, le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et plusieurs autres pays d’Afrique. Avec près d’une vingtaine de concerts au total, je me suis fait une expérience scénique de taille face à des publics très variés. Il y a eu des moments difficiles, mais il y a eu de très bons moments aussi, la traversée du lac Kivu restera l’un des plus beaux souvenirs de mon périple. La crise sanitaire ne nous a pas permis de faire plus de dates, mais je suis sûr que ce n’est que partie remise.

Quelle a été votre meilleure scène ?

Wayé : Question très difficile, quand je sais à quel point chaque public est particulier. Si je devais plutôt faire un top trois des meilleures scènes, je mettrais en troisième position le concert de Dakar, il a été l’un des meilleurs de la tournée avec un public incroyable. J’ai eu la chance de partager la scène avec l’artiste Eved ce qui a rendu encore plus particulier ce moment. Ensuite, je dirais le concert de France, tout d’abord à cause de la diaspora venue célébrer leur prix découverte mais aussi de toutes ces personnes venues découvrir notre culture. Et enfin le concert de Brazzaville à l’institut français. Avec un public un peu moins nombreux mais toujours aussi chaleureux qu’un millier de personnes. Pour moi, c’est l’une des meilleures scènes parce que rien ne vaut plus que de jouer à la maison.

Qu’est-ce que vous retenez de ces expériences ?

Wayé :Je retiens des leçons de vie, gagner le prix découverte bien que n’étant pas le favoris pendant la compétition m’a permis de comprendre que tout est possible avec la bonne quantité et qualité de travail. Chacun de nous a sa destinée, travaillons afin de nous donner les moyens de réussir.

Comment Wayé en tant que copain ou conjoint, a-t-il vécu le succès ?

Wayé: Ça a été assez difficile au début, tous les feux des projecteurs sont braqués sur vous et vous devez non seulement savoir vous tenir, mais surtout protéger la personne avec laquelle vous partagez votre vie. Dieu merci aujourd’hui nous apprenons à gérer cette situation.

Pour vous, l’amour rime avec quoi ?

Wayé: Amour rime avec patience. Car il en faut pour se supporter et traverser les épreuves. Ce n’est pas facile, mais les meilleures choses dans la vie le sont rarement, soyez patients.

Faire carrière en tant qu’artiste est-il compatible à la vie de couple ?

Wayé: Bien sûr que si, être un artiste est un métier comme tout autre donc ça n’exclut pas une vie de couple. Bien au contraire, avoir une vie de couple stable donne un équilibre incroyable peu importe le domaine dans lequel vous exercez.

Avez-vous un projet d’album en cours ?

Wayé : Je suis actuellement en préparation de mon premier album. Ce sera un projet particulièrement spécial, car il ira au-delà de la musique uniquement. Néanmoins, je ne compte pas laisser mes fans sur leur faim pour autant, je travaille sur un projet qui verra le jour avant la sortie de mon album.

A votre avis pourquoi les artistes congolais ne collaborent pas assez entre eux ?

Wayé : Il faut savoir déjà qu’un featuring ne se fait pas sans ambition, il y a toujours un enjeu derrière chaque featuring, il peut être fait juste pour le kiffe, avoir un enjeu financier ou avoir un avantage pour l’un des artistes ou encore les deux. Je constate plutôt l’inverse de votre question, les artistes congolais collaborent de plus en plus. Nous allons vers la fin des clashs et plus vers le « travailler ensemble ».Nous sommes encore loin du modèle nigérian ou américain où même les artistes de calibre international qui reviennent collaborer avec des artistes locaux, mais je suis sûr qu’on y arrivera la vie c’est du « molo molo ».

Quels sont vos rapports avec les autres artistes du Congo ?

Wayé : J’entretiens de bons rapports avec la majorité sinon tous, mais pairs avec lesquels j’ai déjà été en contact. Je trouve que ça me donne une liberté de travail intéressante, je peux avoir qui je veux sur n’importe quel projet pour le plus grand plaisir de mes fans.

Techniquement parlant au Congo, quel est le plus grand manquement ?

Wayé : L’inexistence d’une industrie musicale : pas de réelles plateformes pour promouvoir les talents, peu de mécènes et de sponsors et les droits d’auteur qui ne sont pas payés comme il le faut.

Avez-vous un producteur en ce moment ?

Wayé :Non, jusqu’ici Wayé est en autoproduction sous son label MUG ENTERTAINMENT. Mon équipe et moi restons ouverts à toute proposition.

Avec quel artiste du monde souhaiteriez-vous faire un featuring dans les prochains jours ?

Wayé : j’ai des rêves fous, mais je vais me donner les moyens de faire les Featuring dont je rêve avec le temps. Alors si je dis Drake ça ne va pas être dans les prochains jours lol, mais je dirai plutôt Youssoupha.

Votre mot de la fin…

Wayé :Je tiens à remercier l’équipe de MATA magazine, merci de vous intéresser à ma petite personne. Un énorme remerciement à mon équipe et à l’endroit de mes fans, les Alphas. Suivez-moi sur les réseaux sociaux @Waye.officiel et rendez-vous ce 10 juillet pour découvrir mon nouveau clip #FKBL.

Publié le 27 Juin/ MATA Magazine